Linkin Park L’age de raison ?

Review de ElNuggets17, publiée le 12/05/2012

Voila maintenant dix ans que Linkin Park, dompté par les maîtres Chester Bennington et Mike Shinoda, dope la planète Terre à coups de petites bombes dans l’industrie du disque.
10 ans. Soit une décennie depuis Hybrid Theory, premier album d’une carrière vouée à attiser les foules.  Si bien que les six compagnons semblent être aujourd’hui les dignes héritiers de groupes comme U2, ou encore les Red Hot Chili Peppers.
Mais une telle aura dans le monde de la musique ne peut voir le jour sans une touche de maturité. Car Linkin Park, c’est un peu comme un bon vin, où plutôt une bonne partie de jambes en l’air. Là où le son brutal de Meteora nous amène à un fantasme absolu, celui de Minutes To Midnight, plus réfléchi, plus sur, nous fait définitivement passer à l’acte. Enfin, avec leur dernière pépite, A Thousand Suns, le mariage semble inévitable.

Un sentiment que l’on retrouve sur les traces de leurs concerts, notamment le live MTV Madrid, événement national, mais pourtant si intimiste.
Car même si nous sentions bien arriver un vent nouveau chez Linkin Park, nous n’étions pas au bout de nos surprises pour autant.  Plus mature, plus assumé et surtout plus engagé, le groupe nous offre ce qu’il sait faire de mieux : un spectacle sensationnel. Après un Requiem d’ouverture, LP nous assomme d’entrée avec Wretches and Kings, issu du dernier album. Le son est fort, puissant, et les deux chanteurs assurent jusqu’à la dernière note. Jusque là, rien de neuf sous le soleil. Le métal est toujours présent, et fait bel et bien taire les mauvaises langues, un peu perdu suite aux nouvelles directives du groupe. S’en suit, of course, un récital offensif propre à Linkin Park, mené par des tubes comme Faint ou encore Numb ( d’ailleurs accueilli par un soubresaut monstrueux des fans, bercés auparavant par Iridiscent et Waiting For The End ).
La grande nouveauté réside donc, avant tout, dans l’atmosphère. Froide, parfois dérangeante, presque biblique, à l’instar d’A Thousand Suns. Impossible alors d’oublier The Radiance, transition du concert au piano made in Shinoda, comme habité par sa musique. Le son change, plus expérimental, plus intense, laissant presque apparaître une idée de fatalité et d’apocalypse. Un simple moment de magie, qui n’est pas sans rappeler le titre The Little Things Give You Away, joué lors de leur Road To Revolution, trois ans plus tôt.
Le titre le plus attendu de la représentation, The Catalyst, n’échappe pas non plus à la règle.
Un morceau envoyé comme s’il s’agissait du dernier morceau que pourrait jouer Chester et sa bande. Poings serrés, comme engagés dans une lutte qui ne peut pourtant les dépasser.

C’est quand nous sentons alors l‘émotion d‘une rencontre, et une petite phrase dans notre tête qui nous dit : « merde, ils l’ont fait ! », que nous comprenons enfin que le groupe a mûri. Que le message a changé.  Qu’il ne s’agit plus maintenant que de musique…

Voila donc une nouvelle directive pour Linkin Park. 6 hommes, et non plus 6 gamins, tous au service de la musique, et de leurs instruments. Yeux fermés, poils hérissés, presque en communion perpétuelle avec un public lui aussi voué à leur cause. La musique est une rencontre.  Il suffit d’une mélodie, d’un son, d’une phrase.