A Thousand Suns, la perfection signée Linkin Park

Review de Micox, publiée le 12/05/2012

Alors que le très attendu Living Things ne tardera pas à nous montrer de quoi il est fait, A Thousand Suns peine toujours à faire entendre parler de lui en France. Seuls les plus grands suiveurs de Linkin Park osent encore mentionner le fait que cet album sorti le 13 septembre 2010 dans l’hexagone est une réussite, voir même une pépite artistique. Eh bien mes amis, je fais parti de ces admirateurs discrets d'A Thousand Suns, tout simplement parce-que nous tenons ici la meilleure galette de la formation. Oui ! La meilleure !

Il faut savoir que j'ai suivi absolument tout le processus de monsieur Shinoda et de ses complices, ce même processus qui consistait à nous rendre tous plus fous les uns que les autres, nous, les fans de Linkin Park, avec des jeux et autres puzzles qui une fois triomphés, nous permettaient d'avoir quelques informations sur l'album (comme l'artwork ou des annonces de singles par exemple). Une attente pimentée de tels évènements nous laissaient penser que le groupe avait effectivement bien changé dans sa façon d'effectuer une promotion autour d'un album, mais la différence était-t-elle notable sur la façon de composer ce même album ? Nous allions le savoir assez vite ! Après un très redondant The Catalyst qui a déçu un bon nombre de fans (moi compris, mais j'y reviendrai plus tard), nous attendions l'album en entier avec un certain scepticisme. Et ce n'est que lors de la période des reprises scolaires de 2010 que nous avons pu enfin nourrir nos oreilles de ce quatrième album studio de Linkin Park, produit par Mike Shinoda et Rick Rubin.

Je mets le CD dans mon PC, je lance la lecture ... et nous y sommes.

- On commence sur une introduction du nom de The Requiem, qui a le mérite de nous prévenir que les gros métalleux fans de guitares grasses et de bracelets à pointes pouvaient déjà retirer la galette sous peine de "suicide auditif" à leur égard. Moi perso', j'ai adhéré à cette intro : des notes très discrètes de piano, des effets de clavier, une voix féminine (qui est en fait celle de Mike, trafiquée) et un compte à rebours ... Mais !

- Mais oui ! Nous avons droit ici à une seconde intro ! Ou devrais-je dire à la première des nombreuses interludes de l'album, qui en feront sa force ! Cette piste, nommée The Radiance, contient une partie d'une interview de Robert Oppenheimer, ce qui nous met tout de suite dans la fameuse ambiance "guerre" que le groupe veut tellement faire ressortir, pas forcément utile mais bien agencée ! Une fois cette citation vocale terminée, nous pouvons entendre ... des battements de cœur ?

- C'est en tout cas comme ça que commence le premier véritable morceau de l'album, Burning In The Skies. Les percutions arrivent relativement discrètement et les premiers accords de piano retentissent, avant que les basses et guitares n'arrivent rapidement afin d'introduire Mike au chant sur le premier couplet, un chant que je félicite pour son atmosphère très relaxante, lointaine ... On a l'impression de voyager véritablement avec cette voix planante ! Chester Bennington, le chanteur principal du groupe, nous offre un chant très mélodique avec en fond Mike qui fait les chœurs. Le second couplet se voit doté d'une batterie plus remarquée et d'une voix encore plus planante pour notre cher Shinoda, cette fois-ci accompagné de Chester pour le coup. Le refrain refait face avec une extension au niveau des paroles, les batteries et guitares aussi sont différentes, plus énergiques. Arrive ici le pont, qui contient un très rythmique solo de guitare de la part de Brad Delson, le guitariste principal. Le refrain se répète ensuite avec une autre variante dans les paroles et le morceau se finit sur quelques notes de piano, un morceau plus que réussit, aujourd’hui considéré à mes yeux comme l'un des GRANDS piliers du groupe.

- Hmm ... des criquets ... des coups de feu ... des voix humaines ... des petits cris de guerre ... et c'est tout. Voici Empty Spaces, un peu du même genre que Foreword sur Meteora, le second album studio du groupe. C'est l'interlude qui nous servira à se lancer dans le morceau suivant.

- Et ce morceau, il s'agit de When They Come For Me, l'une des trois véritables claques de l'album. On débute sur une introduction de presque une minute, tantôt électronique tantôt expérimentale. Les percussions sont pour le coup tribales, une première dans l'histoire du groupe ! Le premier couplet se lance avec Mike qui nous fait ici un rap' de très bonne qualité, nous noterons ici l'apparition du devenu mythique "Try to catch up, motherf*cker" à la fin de chaque couplet et pendant les refrains. Ces refrains sont essentiellement constitués de Chester qui nous donne un air très oriental avec en fond Mike qui fait retentir sa phrase mythique citée il y a juste quelques mots ! Le second couplet se doit d'être encore meilleur que le premier puisqu'il est encore mieux construit au niveau de la structure vocale, les instruments eux aussi sont un peu agencés différemment. Le pont est très clairement ma partie préférée du morceau, des notes de clavier, un chant de Bennington très clair et agréable, un dernier refrain avec des samples différents et plus importants, un final avec une nouvelle mélodie sur le chant de Chester, le tout alimenté de quelques effets de basses très lourds. Un morceau grandiose vient de se laisser écouter.

- Robot Boy ! C'est un morceau qui m'a un peu rebuté au début, mais il faut apprendre à le connaître véritablement. Le morceau débute sur quelques notes de piano avant d'enchainer sur une intro avec des percutions simples mais efficaces. Tout le morceau se fera sur la même structure vocale et la même mélodie. Cette mélodie est en fait chantée par le groupe en intégralité, une première ! Le pont est tout de fois une partie intéressante car différente : Mike nous livre ici un remarquable solo de synthé avec en fond des cris doux de Chester, suivis ensuite de la mélodie principale, le morceau se finit sur la même dernière phrase du morceau répétée plusieurs fois : "Hold on, the weight of your world will give you the strength to go."

- Vient ensuite une nouvelle interlude, Jornada Del Muerto. Bien que le titre du morceau soit en espagnol, c'est en japonais que Mike et Chester vont chanter. "Mochiagete, tokihanashite" sont les paroles qui signifient "relève-moi, laisse-moi partir", des paroles que nous retrouverons un peu plus tard dans l'album mais en anglais cette fois-ci. Un petit solo de synthétiseur retentit avec une guitare discrète.

- Ceci nous permet de rebondir sur le titre suivant. Des samples électroniques, des notes de piano, une batterie assez particulière (produite par Rob Bourdon, le batteur du groupe), "Yeah, yo" prononcés par Mike ... Oui, nous sommes bien face à Waiting For The End, une autre révélation de l'album ! Le premier couplet démarre avec Mike qui nous livre ici un rap', sur un rythme presque reggae, avant de laisser place à Chester pour la seconde partie du couplet, munie d'une voix très douce. Le refrain apparait, une mélodie que l'on retient, une énergie différente des albums précédents mais toujours là ! Le second couplet est en fait la seconde partie du couplet précédent mais avec d'autres paroles, et sur des samples un peu plus remarqués, de même pour le refrain qui redouble d'une instrumentale étonnante ! Le pont est fait par Mike qui revient à nouveau avec son rap' spécial mais réussi. Le final se fait sur des samples de guitare, un rap' de Mike superposé avec un chant de Chester. Très réussi !

- Attention les amis, gardons notre calme ! Ne soyez pas étonnés si vous avez un orgasme auditif, c'est normal ! Vous êtes tout simplement en train d'écouter Blackout, qui est à mes yeux le meilleur morceau du groupe ... enfin ... presque, nous en reparlerons plus tard ! Le morceau débute sur une intro faite exclusivement de claviers et de percutions électroniques (en réalité, il n'y a pas ou très peu de guitare dans le morceau, pareil pour la basse), qui va petit à petit monter en puissance avant de laisser entrer Chester pour le premier couplet. Pour la première fois de son histoire au sein du groupe, Chester rappe ! Et il rappe bien ! Sa voix est très énergique mais ne fait que préparer le terrain pour le refrain qui est tout simplement monstrueux ! Le chanteur nous donne tout ses poumons et ses cordes vocales : il gueule au maximum. Le second couplet est constitué de la même chose que du premier : une voix énergique et mouvementée, le tout est évidemment suivi du refrain tellement puissant qu'il réapparait en version étendue, pour notre plus grand plaisir ! Et voici que Joe Hahn (responsable des platines et des claviers dans le groupe, le DJ quoi) va réellement nous prouver qu'il existe, et qu'il a bien raison d'exister : une séance beat grid fait son apparition avec la voix de Chester prise sur le refrain et remixée à souhait lors de ce pont très énergique rempli de basse et de percutions électroniques ! Le final ... le voici ! Mike Shinoda chante avec une voix très claire et les percus électroniques retentissent à nouveau, ainsi que le piano (qui était présent dans tout le morceau quasiment). Les deux chanteurs finissent ensemble sur un magnifique "Come down, oh" répété plusieurs fois jusqu'à la fin du morceau, nous avons ici un morceau tellement réussi qu'il a sa place dans mon TOP 3 du groupe.

- Mario Savio a quelque-chose à nous dire ... je n'ai pas tout suivi mais grosso-modo, "you've got to put your bodies upon the gears and upon the wheels, upon the levers, upon all the apparatus, and you've got to make it stop". C'est comme ça que commence le morceau Wretches And Kings, par une partie d'un discours politique ! Mais concentrons-nous sur la suite du morceau : des samples électroniques qui nous donnent l'impression d'être des guitares saturées saupoudrées de bonnes basses (effectuées par Dave Farell, le bassiste du groupe), une batterie puissante, un (très bon) rap' de Mike qui démarre pour le premier couplet ... Attendez chers metalleux ! Remettez vos bracelets à pointes ! Ils ont quand-même voulu vous faire plaisir, hey écoutez-moi ! Et si il n'y avait que ça ... mais pour le refrain, Chester nous crie quelques phrases avec une énergie très Hybrid Theorienne ! Une sorte de résurrection pour le Linkin Park de 2000 ! Le second couplet est toujours rappé par Mike avec une très bonne technicité, et le refrain retentit à nouveau. Le pont de fait sur les mots "From the front to the back and the side to side
If you fear what I feel put 'em up real high" répétés par Mike jusqu'à ce que l'on entende à nouveau Savio, mais cette fois-ci totalement en rythme avec l'instrumentale du morceau, avant de finir sur un finish puissant avec Joe qui nous bombarde de scratchs de platines ! Mes amis, vous vouliez un nouveau morceau de l'ancien Linkin Park ? Vous l'avez ! Maintenant on peut revenir sur du plus mûr.

- Le prochain morceau est une interlude, constituée d'une partie d'un discours de Martin Luther King Jr. Ce discours est accompagné de trois notes de piano répétées ... c'est terriblement simple, mais horriblement efficace ! La phrase "Cannot be reconciled with wisdom, justice, and love..." est répétée jusqu'à la fin de la piste, voilà comment se conclu le morceau Wisdom, Justice And Love.

- Attaquons de nouveau avec Iridescent ! Alors je vais très certainement me faire des ennemis, mais c'est le morceau de l'album (interludes et intro comprises) que j'aime le moins, je n'arrive pas à y accrocher réellement. Pourtant le début du morceau avec le piano et la voix de Mike, le tout très mélancolique et triste, font un petit quelque-chose ! Le refrain de Chester est plein d'émotion, le second couplet qui est fait des mêmes mélodies de chant que le premier mais qui est cette fois-ci chanté par les deux chanteurs est très bien fichu, le second refrain étant ajouté à des samples plus prononcés est réussi ... Sans oublier ce pont absolument ultime où le groupe entier chante ensemble ! Et où il crie avec énergie et émotion le fameux "Let it go", et plusieurs fois en plus, avant de finir sur un dernier refrain et quelques notes de piano. Ce morceau a tout pour plaire : il est mélodique, bien construit, sentimental, beau ! mais je ne sais pas ... je n'arrive pas à l’apprécier à sa juste valeur ... Attention, je n'ai jamais dit que ce morceau était mauvais, loin de là ! Mais c'est le morceau de l'album qui m'a le moins marqué, je trouve qu'il manque d'un certain "effet expérimental" qui fait la force des autres titres de la galette.

- Nous entrons ensuite dans ce que j'appelle "le commencement de la fin". C'est à dire que là, nous sommes en train d'écouter Fallout, une extension avec des samples de clavier sur lesquelles va s'ajouter la voix (trafiquée) de Mike qui va nous citer le refrain final de la troisième piste de l'album. Moi déjà, je suis conquis ! Car même si c'est extrêmement simple, cela nous permet de nous introduire dans ce morceau ... Ce fameux morceau que j'appelle ... "Perfection".

- Les premières notes de synthé arrivent, une batterie électronique retentit ... Et là nous avons le premier couplet du morceau, le premier couplet du morceau The Catalyst. Ce couplet chanté par Mike puis ensuite rejoint par Chester, ce qui nous donne un très bon rendu avec les deux chanteurs, est une réussite. Il est puissante sans être bruyant, il nous donne la pêche et monte en puissance au fur et à mesure. Le refrain arrive, Chester chante avec une voix énergique mais pas trop, Mike transite avec une phrase du couplet et Chester reprend la fin du refrain. Et là nous arrivons à la partie la plus surprenante de tout l'album entier ! Des notes de synthétiseur ont fait leur apparition, des percussions plus fortes sont arrivées, et le second couplet commence, et quel couplet ! Dans ce couplet, nos deux chanteurs reprennent la mélodie du premier couplet avec d'autres paroles : "God save us every one ,will we burn inside the fires of a thousand suns ..." et une guitare electrique arrive pendant ce temps, l'énergie est ici arrivée à son paroxysme, le groupe en est à ses derniers retranchement, ses tripes les plus défendues ! Le refrain arrive et nous gâtent les oreilles avec une énergie totalement incroyable qui vient d'être atteinte, puis arrive ensuite un remarquable solo de synthé de la part de Joe, un refrain qui retentit à nouveau, et ... euh ... Un arrêt total des percutions, une mélodie au piano devenu tout simplement mythique (et le mot est faible), Mike qui chante "Lift me up, let me go" (la version anglaise/américaine des textes de la septième piste de la galette) d'une voix absolument frissonnante, Chester qui suit Mike avec une mélodie un peu différente, des violons qui apparaissent, des batteries qui se déclenchent de manière très rock, et là, nous atteignons l'orgasme ultime chers amis ! Chester qui continue de chanter les mêmes paroles que Mike mais en criant, Mike continue sur sa mélodie initiale, le premier couplet vient se superposé au tout, qui lui est en plus de cela accompagné d'une batterie énergique et d'une guitare de toute beauté ! le tout se finissant sur le premier couplet superposé au "Lift me up, let me go" de Mike, suivis de quelques notes de synthétiseur et d'autre claviers. Mes amis, nous tenons ici le meilleur morceau du groupe Linkin Park, le groupe a su parfaitement innover avec ce morceau, et ça se sent !

- L'album se finira sur un The Messenger vraiment très beau mais un peu court : le morceau entier se forme à partir de quatre accords de guitare acoustique, du chant de Chester (qui mine de rien est très énergique) et d'un piano effectué par Mike. Le morceau monte en puissance au fur et à mesure du morceau et l'on se retrouve avec une véritable mélodie presque triomphante à la fin du morceau, un peu comme comme une hymne nous informant du "calme après la tempête".

Donc finalement, que dire de ce A Thousand Suns ? Eh bien les Linkin Park ont bien grandi et ne pouvaient tout simplement pas faire du Neo-Metal toute leur vie ! Cet album est la preuve que changer radicalement de registre musical tout en gardant une patte reconnaissable signifie "évoluer musicalement". La bande a parfaitement su nous surprendre tout en nous informant que le groupe était toujours là, mais d'une manière différente de voir les choses.

Cet album est la plus belle chose que j'ai jamais entendu dans ma vie, et je n'ai pas du tout honte de le dire, bien au contraire, cela me rend fier ! Living Things sortira très bientôt, mais lors de mon écoute de Burn It Down il y a moins d'un mois, je peux vous dire une chose certaine : A Thousans Suns (pour moi) ne sera pas détrôné, nous avons ici la perfection musicale, signée Linkin Park.