A Thousand Suns : les pendules à l'heure !

Review de Anonyme, publiée le 29/04/2012

A l'aube de la sortie de LIVING THINGS (le 26 juin prochain), peut-être est-il (vraiment?) l'heure de faire un bilan sur A Thousand Suns.

De ce que j'ai lu sur le net et vu depuis la sortie de cet album, voici ce qui se démarque :

1- Les LP sont devenus commerciales (je trouve ce terme ridicule car un artiste qui à choisi de vivre de sa musique, par défaut attend une rémunération et la dite-rémunération provient de la réussite commerciale des ventes de l'album), et je pense que si un groupe comme Linkin Park vend autant c'est sans doutes que le groupe fait quelque chose d'artistiquement abouti ?

2- Ils ont voulu conquérir un autre public – Je ne pense pas que la démarche du groupe est de se dire « tiens pour cet album faisons quelque chose de différent pour avoir plein de nouveaux fans ». Non ils font un album, des fans de la premières heure adhèrent, d'autre non, et des personnes font la connaissance du groupe grâce aux nouvelles sonorités alors qu'ils n'auraient peut-être pas apprécié les premiers albums.

On ne retiendra pas tous les commentaires de pseudo-journalistes sur le net et d'une grande poésie du style « c'est de la merde », d'ailleurs je trouve cette remarque très constructive, surtout l'argument « explicite » que montre cette personne lambda pour qualifier l'album de « merde ».

 

Piqure de rappel : il est facile de critiquer sévèrement une œuvre sur internet, derrière un clavier lorsqu'on est ni musicien professionnel, qu'on a jamais rien fait dans la musique ni dans la critique musicale, qu'on est ni producteur, ni directeur artistique, ni patron de maison de disque. La plupart des gens, et je dis ça sans prétention, devrait se rendre compte du lavage de cerveau d'internet : sous prétexte que l'on peut « commenter » ou « donner son avis » la plupart se mettent à « juger ». Oui au lieu de dire « je n'ai pas aimé cet album », en énumérant des arguments clairs et précis, on voit « c'est de la merde, mais ils ont fait quoi ?! Je regrette Hybrid Theory et Meteora bla bla bla... ».

De deux, rappelons nous l'expression : il n'y a que les idiots qui ne changent pas d'avis.

J'ai envie de dire à toutes les personnes qui insultent le groupe que, si ils ne veulent voir aucuns changements, car le fond du sujet est là, les principaux styles de musiques qui ont fait LP à leur débuts à savoir la fusion des genres et principalement du rap et du rock, découlent du Blues. Donc pas d'évolution musicale, pas d'Hybrid Theory.

 

Pour bien commencer je lance The Requiem, autant rentrer dans le vif du sujet gonflé à bloque.Je suis un Fan de la première heure, j'ai découvert Linkin Park avec Hybrid Theory (à 8 ans en 2000), j'ai grandi et approfondi avec Meteora (11 ans en 2003), j'ai été surpris et intrigué avec Minutes To Midnight (à 15 ans en 2007) et j'ai savouré A Thousand Suns (à 18 ans en 2010).

« A Thousand Suns », rien que le titre est évocateur. Pourtant Mike l'avait dit dans le Making Of Minutes To Midnight : « Notre groupe est tellement mauvais avec les noms d'albums, que nous avons un DVD qui s'appelle Frat Party At The Pankake Festival (sous-entendu un nom totalement ridicule) ». Le groupe s'est même efforcé de construire tout un concept autour de l'album et je me demande combien de personnes se sont ensuite renseignés sur Mario Savio ? Martin Luther King ? J. Robert Oppenheimer ? La bombe atomique ? La situation atomique dans le monde ? C'est de l'art et cela nous mène à la réflexion. Voici la partie philosophique.

 

Parlons de la musique !

Partons dans une dissection approfondie morceaux par morceaux :

#1 The Requiem : J'ai trouvé très osée cette introduction à l'allure mystique et inquiétante, sur un sample de The Catalyst avec la voix de Mike Shinoda féminisée. Le ton est donné, ce n'est pas le pays des bisounours sur cet album.

#2 The Radiance : Premier discours de «  J. Robert Oppenheimer », on est en droit de poser la question d'un engagement politique de la part de groupe vis-à-vis de problèmes internationaux sur la question du nucléaire, avec les phrases « The World will no be the same... » (le monde ne sera plus jamais plus pareil) car rappellons-le mais ce discours intervient après les essais d'explosions de la bombe A dont on connait les tristes effets. Ceci peut aussi être une « suite » car Mike en parlait sur Kenji, sur l'album The Rising Tied.

#3 Burning In The Skies : Premièrement je trouve cette chanson très « posée », une instrumentale à la fois mélodieuse et relaxante pourtant ne nous laissant pas indifférente, où intervient en guise de pont post-refrain final une guitare connue de tous (et oui voilà ce qu'est l'évolution musicale, se servir de ses expériences passées tout en apportant des éléments nouveaux). Sur MTM, Mike s'était essayé au Chant sur In Between, mais en tant que parolier était peu présent. Ainsi les deux chanteurs se retrouvent à fredonner cette mélodie « I use the dead wood to make the fire rise / blood of innocenc burning in the skies » que l'on ne peut s'empêcher de chanter.

#4 Empty Spaces : Pas grand choses à dire sauf qu'on se croirait en pleine guérilla aux côtés du Che (héhé).

#5 When They Come For Me : Un titre phare de l'album. Des guitares lourdes, une batterie entrainante, un rap percutant pour un refrain sublimement chanté. Ne serait-ce pas la griffe Linkin Park ? ;). En parlant de rap, Mike remet les détracteurs à leur place avec une punchline bien trempée : « I am not the fortune and the fame or the same person telling you to forfeit the game ». Hybrid Theory était un album, qu'ils ont crée à un moment donné de leur vie, pas un courant de penser. En revanche, Hybrid Theory en tant qu'ancien nom de groupe, représente leur vision de la musique : composer des albums suivant leurs goûts musicaux. Et Mike tient à rappeler que leur succès n'est pas acquis, malgré la reconnaissance du secteur et économique, tout peut changer du jour au lendemain. Sur le plan musical, ce titre ne serait pas sans nous rappeler un puissant A Place For My Head ou bien un Faint.

#6 Robot Boy : C'est la chanson surprise de l'album ! (mon avis). Une chanson composée sur une mélodie au piano où tous les membres du groupe chantent ! J'ai totalement adhéré à ce concept : ne plus limiter la place de chacun à son instrument de prédilection mais tenter de nouvelles expériences musicales en changeant la place de chacun. Qui auraient imaginer Linkin Park sur une chanson mélodieuse au piano à l'allure Pop où même Rob (batteur) et Mr. Hahn (Dj) se retrouvent au chant ? Combien de groupe l'ont fait ?

#7 Jordana Del Muerto : Pour moi ce fut une déception. Mais pour les raisons qui semblent évidentes. J'ai été déçu car j'aurais aimé que cette interlude dure plus longtemps, en faire un morceaux à part entière. Instrumentale sympa et chant de Mike en japonais assez interessant.

8# Waiting For The End : Autre morceau phare de l'album ! (ça ils le savaient ils en ont fait un single ! :p). Le rythme est entrainant, et saccadé : on commence par un chant rappé par Mike et Chester assez uptempo puis une cassure sur un chant assez lent de Chester jusqu'au refrain final. Un morceaux assez plaisant, qui dans le sens fêtard, pourrait se retrouver aux côté de Bleed It Out.

#9 Blackout : Morceaux uptempo, dynamique et bourré d'electro : une sauce qui prend bien ! Pour moi l'énergie qui se dégage du morceaux est comparable à Forgotten, Don't Stay ou Given Up. De plus on retrouve une sonorité, que ce soit le chant ou l'instrumentale, assez familière de LP mais sur la fin Mike et Mr. Hahn se sont amusés sur leur MPC et je trouve intéressant de trouver une sorte de « remix » à la fin du morceaux. C'est formidable d'avoir une chanson qui se termine quasiment remixée !

#10 Wretches & Kings : Cette track a été dévoilé peu de temps après la sortie de The Catalyst et elle m'a rappelé que « l'ancien » LP est toujours présent. The Catalyst m'avait un peu déconcerté, c'était encore plus différent que MTM. Et là j'entends Wretches & Kings, c'est simple je prends une vrai claque ! Sur une intro avec discours politique de Mario Savio, Linkin Park nous balance du Nu Metal comme les fans de la première heure peuvent l'apprécier. Retour à des couplets rappé avec hargne par Mike et des refrain chanté/crié par Chester à nous donner des frissons ! En conclusion je dirais qu'il me rappel un bon Points Of Authority ou Lying From You. Du LP à l'ancienne sa se trouve encore, hé oui !

11# Wisdom, Justice & Love : Cette interlude apparaît pour moi comme une pause, un souffle. Si on regarde les titres des chansons on commence par une messe mortuaire puis des allusions au ciel, à l'esprit lié au feu qui brûle, puis d'espaces vides (de vie sans doutes), à la guerre, l'attente de la mort, l'oublie. Ce discours a pour but de faire un bilan et de redéfinir les vraies valeurs que sont la sagesse la justice et l'amour, discours du regretté M.L.K.

 

12# Iridescent : Il en fallait un, il y en a toujours un c'est le morceaux mélancolique de l'album (si si ça fait du bien quand on broie du noir). En outre, puisque c'est MA review, je n'aurais pas vraiment choisi cette chanson pour le thème de Transformers 3, j'aurais sélectionné quelque chose de plus « tonique », après ce n'est que mon humble avis. Ce morceaux reste une pépite, l'intro me fait penser à My December, un soir d'hiver près du feu... (je m'éloigne là^^). On retrouve le groupe au chant en canon sur la fin du morceaux qui part en crescendo, une explosion de bonheur musical.

 

13# Fallout : Elle fait la paire avec The Requiem, on sait que Mike aime les remix (Reanimation qu'il a produit, Gold Girls Guns de Metric, pour ne citer qu'eux etc...), et comme il l'avait dit sur le Making Of Meteora : « Les samples que nous utilisons viennent de sons de notre groupe, que nous avons crée » et c'est ce qui fait une des originalité de Linkin Park ; ils ne font pas de reprises ils utilisent leur propres morceaux et reprendre des phrases de Burning In The Skies pour proposer une interlude version électronique qui est là pour annoncer le point culminant de l'album, le calme avant la tempête...

 

14# The Catalyst : Le voici le point culminant. Ici c'est le cataclysme, l'apocalypse. La première fois que j'ai entendu le single je ne me suis pas rendu compte sur le coup, mais c'est la puissante voix (à la surprise générale) de Mike qui scande « God bless us everyone / we're broken people living on a loaded gun ». Comme un ras le bol, comme une révolution ce morceaux est tout simplement le coeur de l'album. C'est la bombe qui explose, on sent tout au long de l'album l'accumulation. L'intro au synthé puis scratchée nous transportent dans cette ambiance surréaliste comme un point de conclusion face au désarroi humain. Car pour la première fois on a une référence explicit à Dieu avec l'emploi de « God », et puis le nom de l'album est tout simplement cité par Chester : « God save us everyone / we will burn inside the fire of a thousand suns ». On y est, tout s'est déclenché, la goutte d'eau a fait débordé le vase. Puis vient la cassure avec un piano classique et un chant plus doux de Mike comme les larmes qui viennent après les cris de colères, les larmes d'un ras le bol, les larmes du changements jusqu'à la dernière note. C'est un des morceaux les plus vivants de Linkin Park, les émotions véhiculées par ce morceaux sont sans précédents, un vrai chef d'œuvre musical, une chanson épique.

 

15# The Messenger : Et contre toute attentes, l'album aux sonorités électroniques et au gros son lourd se fini sur une chanson 100% acoustique. C'est le beau temps après la pluie. Mike au piano, Brad à la guitare et Chester au chant sur une chanson « soul » dans le sens où c'est réellement un message qui vient de l'âme qui est délivré, une chanson qui apaise après le déchaîné The Catalyst.

 

Conclusion ! (et oui c'est bientôt fini) :

 

Après de multiples écoutes, 1 an et demi après sa sortie j'ai réellement compris la portée de A Thousand Suns, ainsi que l'importance de l'écouter dans l'ordre, car la cohésion y est vraiment. Cet album est sûrement le plus aboutis (on verra avec Living Things s'il sera détrôné) de tous, j'avais senti cette intention d'avoir plus de cohérence entre les morceaux sur Minutes To Midnight, mais A Thousand Suns est un niveau au dessus.

On a le plaisir de retrouver le rap de Mike tant apprécié des fans sur des refrains criés par Chester. Moi je trouve que la « marque » LP est bien présente sur cet album, quoique amenée différemment certes ; les expérimentations sont intéressantes comme les chants en cœur ou la présence de Mike au chant comme si ça avait toujours été le cas.

Il ne faut pas oublier que Linkin Park est finalement un nom par défaut que les gens qui réclament un « retour » à Hybrid Theory n'ont pas lieu de l'attendre car cette empreinte a été là depuis le début. Hybrid Theory aurait du etre le nom du groupe, car ils se définissent comme un groupe mélangeant les goûts musicaux de chaque membres, et en 2000 cela à abouti à l'album de Nu Metal Hybrid Theory car c'est ce que la fusion produisait. Mais les choses évoluent, tout évolue et il ne faut pas être hermétique au changement car les membres ont aujourd'hui des goûts différents, ils aiment d'autre choses ils ont grandi. Ils aspirent à autre chose, Mike n'aurait pas gardé les cheveux rouge jusqu'à 50 ans tout comme je pense que la plupart des personnes qui critique le « changement » du groupe, s'ils regardent bien, ne doivent plus écouter les mêmes choses qu'avant car ils ont grandi. Je ne vois pas pourquoi LP n'aurait pas ce droit. De plus si tout le monde et, en particulier ceux qui insultent, sont honnêtes avec eux même, si Linkin Park avait fait une succession d'albums Nu Metal calqué sur Hybrid Theory on aurait dit qu'ils ne savent rien faire d'autres, que se sont des vendus qui veulent juste se faire des millions sans se fouler, déjà que Meteora avait été qualifié de copie conforme d'Hybrid Theory, et ça le groupe le savait et ils ne veulent pas rester dans une boîte à genre, ce sont des musiciens , comme disait Chester dans le Making Of Minutes To Midnight : « On ne voulait pas faire une trilogie, refaire un album qui ressemble à ce qu'on a pu faire par le passé même si on tient à garder une certaine sonorité qui est unique au groupe et que les gens ont apprécié chez nous ».

Après si il y a encore des sceptiques, remettez vous vos CD d'avant et restez mentalement fermé à l'évolution ou écoutez d'autre groupe qui font ça très bien mais, je pense qu'arriver un moment, vous en aurez bien marre d'écouter toujours la même chose...

 

A Thousand Suns est un petit bijoux artistique qui vaut le détour (perso j'ai des amis qui aimaient pas trop LP avant et avec cet album ils ont pris une claque par l'arrivée de l'électro, ils ajoutent un nouveau composant dans leur musique et ça a touché plus de personnes).J'attends avec impatience Living Things car Burn It Down est vraimen très bon et l'album risque d'être... d'une grand qualité !